Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, est une figure incontournable de la Troisième Croisade, à laquelle il participe avec une détermination et un courage qui confirment son surnom de « Cœur de Lion ». Son engagement dans cette expédition chrétienne est marqué par de nombreux faits d’armes, des alliances complexes, et une captivité qui faillit lui coûter la vie.
Les prémices de la croisade
En 1187, la prise de Jérusalem par Saladin, le sultan d’Égypte et de Syrie, provoque un choc en Europe chrétienne. Le pape Grégoire VIII appelle à la croisade, et trois monarques européens majeurs répondent à cet appel : l’empereur germanique Frédéric Barberousse, Philippe Auguste, roi de France, et Richard Cœur de Lion, qui vient d’accéder au trône d’Angleterre en 1189.
Richard, déjà un grand guerrier réputé pour sa férocité et son habileté militaire, se lance dans la préparation de l’expédition avec un zèle sans précédent. Selon les chroniques, il mobilise toutes les ressources du royaume, augmentant les impôts et vendant même des terres pour financer son armée et sa flotte. Son départ est accompagné de réformes pour stabiliser son pouvoir, notamment en faisant la paix avec ses rivaux, dont Philippe Auguste, et en confiant la régence de l’Angleterre à son frère Jean sans Terre.
Le départ de Vézelay et l’union avec Philippe Auguste
Richard part de Vézelay, en Bourgogne, en 1190, où il rencontre Philippe Auguste. Ensemble, ils mènent leurs armées à travers l’Europe, se dirigeant vers la Méditerranée, avant de prendre la mer. Cependant, les tensions entre les deux rois sont palpables, bien que leurs intérêts convergent à ce stade. Les relations entre Philippe et Richard seront souvent marquées par la méfiance, et cela ne tardera pas à réapparaître au cours de la croisade.
Le siège de Messine
Le premier grand obstacle sur la route de la Terre Sainte se présente en Sicile. En septembre 1190, les forces de Richard arrivent à Messine, où il doit régler un différend avec Tancrède, le roi de Sicile, concernant la dot de Jeanne, sa sœur, veuve de Guillaume II de Sicile. Richard attaque et prend la ville pour forcer Tancrède à honorer ses obligations. Ce premier succès est crucial car il permet à Richard de consolider son pouvoir avant de poursuivre vers la Terre Sainte.
Le passage à Chypre
Après avoir quitté la Sicile en avril 1191, Richard est confronté à une nouvelle difficulté en arrivant sur l’île de Chypre. L’île est contrôlée par Isaac Comnène, un chef local qui refuse de se soumettre à l’autorité de Richard. Dans une campagne éclair, Richard s’empare de l’île, capturant Isaac, et revend la souveraineté de Chypre aux Templiers. Chypre devient alors une base stratégique pour les Croisés, un tournant important dans la croisade. C’est également à Chypre que Richard épouse Bérengère de Navarre, renforçant ainsi sa position politique.
Le siège de Saint-Jean-d’Acre
En juin 1191, Richard arrive enfin en Terre Sainte, juste à temps pour participer au siège de Saint-Jean-d’Acre, assiégée par les Croisés depuis deux ans. Aux côtés de Philippe Auguste et d’autres princes européens, Richard se distingue par son courage et sa stratégie militaire. Le siège se termine par la reddition de la ville en juillet 1191. Cependant, les tensions entre Richard et Philippe atteignent un point critique. Philippe, malade et lassé des rivalités internes, quitte la croisade, laissant Richard seul à la tête des forces chrétiennes.
Le massacre de Saint-Jean-d’Acre
L’un des épisodes les plus controversés de la croisade de Richard se déroule après la prise de Saint-Jean-d’Acre. Frustré par les lenteurs des négociations avec Saladin pour la libération des prisonniers, Richard fait exécuter environ 2 700 prisonniers musulmans. Ce massacre, bien qu’ordonné pour des raisons stratégiques, renforce l’image de Richard en tant que souverain impitoyable aux yeux de ses ennemis, mais aussi un homme aux réactions impulsives.
L’avancée vers Jérusalem
Richard poursuit ensuite la campagne vers Jérusalem. Il remporte une victoire décisive à la bataille d’Arsouf en septembre 1191, contre les forces de Saladin. Cette bataille renforce son statut de grand chef de guerre et de stratège redoutable. Malgré cette victoire, la situation reste complexe, notamment à cause des tensions internes parmi les Croisés et des difficultés logistiques. Richard ne parvient pas à prendre Jérusalem, bien qu’il ait approché la ville à plusieurs reprises.
La trêve avec Saladin et le retour en Europe
En 1192, après plusieurs tentatives infructueuses pour reprendre Jérusalem, Richard conclut une trêve avec Saladin. Bien que la ville reste sous contrôle musulman, les accords permettent aux pèlerins chrétiens d’y accéder librement. Richard, fatigué par des années de guerre et conscient des troubles qui couvent en Angleterre et en France, décide de retourner en Europe.
La capture et l’emprisonnement
En route pour l’Angleterre, Richard est capturé par le duc Léopold d’Autriche en décembre 1192, à cause de vieilles querelles entre eux. Il est ensuite livré à l’empereur Henri VI du Saint-Empire romain germanique, qui le retient captif contre une rançon colossale. Ce captivité marque la fin dramatique de la croisade pour Richard, mais également une période tumultueuse pour son royaume, où Jean sans Terre, son frère, tente de s’emparer du pouvoir en son absence.
Conclusion
Richard Cœur de Lion ressort de la Troisième Croisade avec une aura de héros, bien que la croisade elle-même n’ait pas réussi à atteindre ses objectifs initiaux. Son courage, ses prouesses militaires et son rôle de leader en Terre Sainte marquent l’histoire, bien que son impulsivité et ses actions controversées, telles que le massacre des prisonniers, nuancent son héritage.